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nom du château de Trémazan est intimement lié
à celui d'une famille : celle des du Chastel. Ce sont
eux qui le construisirent et en firent leur principale demeure
pendant plusieurs siècles. L'origine de ce lignage est
encore environnée de brumes, mais au fil de l'histoire,
il gagna sa place au soleil. Tant et si bien que les du Chastel
finirent par prendre rang dans la haute aristocratie bretonne
et compter parmi les quatre familles les plus importantes du
Léon qu'un ancien dicton caractérise en ces termes
: antiquité de Penhoët, vaillance du Chastel, richesse
de Kermavan et chevalerie de Kergounadeac'h. Mais la fin du
XVe siècle leur sera fatale car, faute d'héritiers
mâles, la branche aînée finira par s'éteindre. |
omme
beaucoup de vieux châteaux, de nombreuses légendes
sont attachées aux murailles de Trémazan. La plus
connue nous apprend que les du Chastel bénéficiaient
de la protection particulière de deux saints du VI Siècle
: sainte Haude et saint Tanguy. |
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vie nous est connue par la publication qu'en fit au XVII siècle
le bénédictin Albert Le Grand dans son ouvrage
sur « Les vies de saints de la Bretagne Armorique ».
Le texte en question nous apprend que dans la première
moitié du VIe siècle, un noble nommé Galon,
seigneur de Trémazan, avait deux enfants, une fille et
un fils, issus d'un premier mariage : Haude et Gurguy. Ce dernier,
de retour au château paternel après dix ans passés
à la cour du roi des Francs, abusé par sa marâtre,
tua sa soeur Haude en la décapitant d'un coup d'épée.
Alerté de sa méprise par des témoins, Gurguy,
accablé, alla prévenir son père. C'est
alors qu'Haude apparut dans la salle où ils se trouvaient,
tenant sa tête dans ses mains. Après l'avoir replacée
sur son cou, elle se tourna vers sa marâtre et lui reprocha
ses perfidies. Comme celle-ci ne voulait pas s'amender, elle
fut prise de violents maux de ventre et se vida de ses intestins
avant d'être foudroyée par un éclair divin.
Puis, avant de disparaître, Haude consola son frère
et lui pardonna. Mais toujours désespéré
d son crime, Gurguy se rendit auprès de saint Paul, évêque
de Léon, qui le confesse et lui enjoignit un jeûne
de quarante jours. Sa pénitence accomplie, Gurguy se
retourna vers saint Paul auquel il apparut la tête auréolée
d'un disque de feu. Sain Paul lui remit alors l'habit monastique
et changea son nom en Tanguy (du breton tan, feu). Quelques
années plus tard, Tanguy fonda l'abbaye de la pointe
Saint Mathieu. |
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nombreux textes font référence à la présence
de deux plantes de couleur rouge dans les ruines du château
: on voit fleurir, même en hiver, sur les murailles d
Trémazan, des oeillets rouges que les paysans appellent
chinoff santez Eodez, parc que les oeillets furent teints
du sang de l'infortunée soeur de saint Tanguy. On trouve
également une autre plante, nommée en breton bouzellou
an introun, les entrailles de la dame, en souvenir du prodige
survenu lorsque sainte Haude reprocha à s marâtre
ses perfidies et son opiniâtreté à la tourmenter.
Cette plante, commune dan la cour et les fossés du château,
ne se rencontre, assure-t-on, que dans ces deux endroits. Aujourd'hui,
il ne reste pas de traces des oeillets de sainte Haude. 1 auraient
disparu de Trémazan depuis environ trente ans. Cueillis,
déplantés, étouffés par le lierre,
ils ont emporté avec eux une partie de la légende...
La plante désignée sous le nom de bouzellou
an itroun, en fait le géranium sanguin, a elle anssi
disparu des ruines. Toutefois, des touffes de fleurs rouge pourpre
signalent sa présence chaque printemps sur la dune toute
proche. |
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proximité immédiate du château, quelques
sites perpétuent le souvenir de sainte Haude et de saint
Tanguy. Ainsi, le nom même du village de Kersaint, à
cinq cents mètres seulement du château et qui signifie
« le village des saints », leur fait probablement
référence. De plus, à moins d'un kilomètre
au Sud-Est de Kersaint, une fontaine sertie dans son écrin
d'aubépines est connue sous le nom de fontaine Sainte-Haude.
La légende place la décapitation de sainte Haude
à cet endroit et la tradition populaire ajoute même
que le bassin d'ablutions recueillit la tête de la victime,
ce qui expliquerait sa forme circulaire. Le site comprenait
également une chapelle aujourd'hui disparue. A cent mètres
de là, une seconde chapelle était dédiée
à saint Tanguy. La sacralisation de la fontaine Sainte-Haude
remonte au moins à l'époque gauloise puisque le
lavoir comprend une stèle quadrangulaire à pans
de l' Age du Fer remployée comme pierre à linge.
Une autre stèle octogonale, déplacée depuis,
complétait l'ensemble. |
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